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  • Photo du rédacteurSophie

This is New York

Dernière mise à jour : 20 déc. 2023

J’aime alterner les destinations. Pays chauds, pays froids, grandes étendues de nature, mégalopoles, des terres lointaines à la porte d’à côté ... Alors après le Maroc, ce coup-ci, c'est New York.


Après le Canada en 2015 et la route du Blues en 2016, me revoici donc de retour sur le continent américain.


J’attends beaucoup de ce voyage, j’attends d’être éblouie d’abord, j’attends d’être écrasée, j’attends d’être projetée. J’attends la démesure et j’attends ... l’inattendu.

 

Aujourd’hui, il pleut, ce sera le seul jour. Direction le Musée d’Histoire Naturelle. Ce musée est une ville à part entière. 5 niveaux sur 150 000 m², retraçant les principales civilisations, américaines, européennes, africaines, asiatiques... leurs faunes, leurs flores, ainsi que des thèmes aussi épars que l’espace, les océans, les gemmes, les météorites, des plus grands mammifères aux plus petits insectes, des squelettes de dinosaures en veux-tu, en voilà, avec de quoi boire, manger, dépenser et limite dormir, tellement tout est prévu pour y passer la journée. Ajoutez à cela une scénographie rondement menée et le tour est joué, vous avalez les heures sans indigestion et vous en aurez besoin, car ce musée en quelques chiffres c’est :


·         32 millions de spécimens et d'objets

·         3 millions de spécimens dans les collections de paléontologie des vertébrés

·         45 halls d'expositions permanentes


J’y passerai près de 5 heures.




Ma journée est bien entamée, le programme de cette journée devra être revu à la baisse, je finirai donc par Grand Central Terminal. Et restons sur la démesure car ce n'est rien moins que la plus grande gare ferroviaire au monde... oui madame !


Pour obtenir la version actuelle de Grand Central Terminal ; il aura fallu pour cela raser 120 immeubles, 3 églises, 2 hôpitaux, 1 orphelinat, des étables et des entrepôts.


"Le bâtiment couvre 3 hectares sur 7 niveaux. Il est illuminé par 55 000 ampoules, accueille 797 trains par jour sur 63 voies. Il abrite 35 restaurants, des dizaines de boutiques et deux courts de tennis [...]. Le plafond du grand hall qui s'élève à 38 mètres, est recouvert de peintures représentant 2 500 étoiles [...]. Au-dessus des guichets d'information, l’emblème de la gare, « une horloge à quatre faces tapissées d'opales et coiffée de cuivre »"

750.000 personnes la traverse chaque jour.


Ça vous la coupe hein !

 


 

Le jour suivant, le temps est plus clément. Je débute par une vue vertigineuse et grimpe sur la plateforme aménagée à 335m de haut du building nommé « The Edge ». La vue est magnifique, c’est tôt le matin, le temps est légèrement couvert et les couleurs sont très douces. En revanche les vitres ne permettent pas de prendre des photos propres de la vue. Qu’a cela ne tienne, il y aura d’autres beaux points de vue. Au pied du Edge, le Vessel, une structure insolite qui n’a d’autre but que le design. Une série d’escaliers géométriques et connectées, aux beaux reflets cuivrés.



A deux pas de là, le début de la High line. Une promenade reprenant le tracé d’une ancienne voie ferrée aérienne sur un peu plus de 2km. Un parc suspendu serpentant au travers des immeubles modernes et très design d’Hudson Yards. Il est agréable de se promener au-dessus de la ville par ce beau temps. Ce petit chemin nous mène doucemanette en direction de Chelsea district en passant le théâtre urbain, quelques marches aménagées au-dessus de la 10ème rue, donnant sur une baie vitrée permettant de se poser un instant et de regarder la circulation s’égrainer en dessous. Ce point de vue est inhabituel, ça fonctionne.

Au bout de cette promenade, Chelsea et son marché. Dans les bâtiments d’une ancienne usine à biscuit de briques rouges et d’acier, le décor qui abrite ce gigantesque marché alimentaire est photogénique et les odeurs de cuisines du monde entier aiguisent ma faim (vite calmée par les prix pratiqués)



Le ventre appaisé, la digestion se fera à Little Island. Encore un parc suspendu (ils aiment bien suspendre des trucs dans ce coin du monde) sur des pilotis enfoncés dans l’Hudson river. C’est assez insolite et marrant à voir, mais finalement quand on est dessus, on ne s’en rend pas vraiment compte.



Sur le retour, un petit détour par Time Square de nuit pour se sentir tout à fait dans le New York cliché. Une étude de 2015 présentait New York comme la ville la plus bruyante au monde. Time Square doit faire péter les scores. La circulation, les klaxons, les sirènes des pompiers, de la police, des ambulances, les sonos des touc-touc à fond n’ayant qu’un répertoire très réduit de 2 ou 3 chansons maximum qui tournent en boucles toute la journée à fond. Ajouter à cela les lumières des panneaux publicitaires digitaux, tant d’énergie autour de moi vient d’achever de vider mes batteries.


 


Aujourd’hui Greenwich village, quartier résidentiel à l’ambiance bohême servant de lieu de tournage aux emblématiques séries telles Friends, Sexe & the city ou Twin peaks entre autres. C’est plus calme et très mignons avec ses maisons en ringuette rappelant certains quartiers anglais.



Mes pas me mènent ensuite à travers East village où j’avais repéré quelques fresques de street art, qui malheureusement pour la plupart ont été recouvertes de tags. Je suis un peu déçue et poursuis vers Little Italy, dont il ne reste plus grand-chose, grignoté années après années par Chinatown qui se taille la part du Lion. Effervescente et assez communautaire, on ne se sent plus tellement aux Etats Unis, le temps de quelques rues.





J’ai senti à New York, plus que dans les autres états visités, l’aspect cosmopolite. J’entendais parler espagnol beaucoup, Italien, russe, chinois aussi et pas seulement par les touristes. Terre d'accueil par excellence, le musée d’Ellis Island retrace cette immigration et se visite sur la même lancée que le statue de la liberté.

Les 2 mêmes dernières étapes d'un parcours épique et cahotique, qui après des semaines de bateau voyaient leur calvaire sur le point de s’achever aux pieds démesurés de miss liberty. Quelques 16 millions de personnes en seulement 30 ans ont débarqué et ont été passés au peigne fin (au propre comme au figuré) sur l’île d’Ellis Island, aujourd’hui transformée en musée. On y retrace le parcours, l’arrivée, les espoirs, le triage et pour 2% d’entre eux, les déceptions et la fin de leur rêve américain.


Un musée passionnant et émouvant.

Le 17 avril 1907, journée record, Ellis Island verra acoster 11 747 personnes. Ce trie doit donc se faire très vite, en quelques minutes. On inspecte les yeux en retournant les paupières à l'aide d'un crochet pour détecter d'éventuelles maladies contagieuses. Pour ceux qui sont marqués à la craie sur le revers de leur manteaux, un "L" pour poumons, "B" pour dos, "E" pour yeux, "H" pour cœur..., l'avenir s'assombrit. Alors que pour les uns les portes s'ouvrent en grand et que le sourire aux lèvres, ils rentrent sur la terre promise, pour les autres, aussitôt conduits à l’écart pour un examen médical complémentaire ou une quarantaine, l'avenir devient incertain. On ressent une réelle empathie pour ces gens qui jouaient là leur vie.






Manhattan ne serait pas Manhattan sans Central Park, cet immense poumon vert de 4km de long. Beaucoup de chance ce jour-là encore, il a neigé tout le long de ma promenade, une belle ambiance pour honorer ce parc.




On y croise beaucoup de gens, des joggeurs, des cyclistes et des promeneurs de chiens comme on les voit dans les films. Et je les attendais, je les espérais même. Ça m’impressionne toujours de voir tous ces chiens au bout d’une laisse, qui pourraient facilement faire vivre un enfer à leur maître du moment, mais qui sont tellement disciplinés. Ont-ils trouvé la recette miracle de l’éducation ?



Aujourd’hui, c’est Brooklyn et Williamsburg, au programme, Street art, plages et jetées. Comme à East village, pas mal de fresques ont été gâchées par des tags sans intérêts, c’est dommage, mais après tout ça vit, n’est-ce pas ça aussi le street art ?



Les promenades sur les bords de l’East river offrent de beaux points de vue sur la Skyline de Manhattan, un rayon de soleil pointe son nez au moment opportun et clic, une chouette photo. Je rentre par le pont de Brooklyn. Une traversée de près de 2km qui se fait en 30 minutes habituellement et que je mettrai 1h30 à traverser. La nuit commence à s’installer et les couleurs et lumières changent tellement vite que je peux ne m’empêcher de prendre des photos (vive le numérique, on triera à la maison les 200 photos).



Ce matin, je pars tôt pour réserver une croisière autour de Manhattan au coucher du soleil. Espoir douché rapidement, ces horaires sont réservés des semaines à l’avance. Je me contenterai donc d’un départ à 13h30. Mais le circuit faisant 2 heures et demi, j’aurais quand même la bonne surprise d’avoir de jolies couleurs à l’arrivée. Manhattan est une île et si ce n’est pas si évident de prime abord, cette croisière m’a permis de mieux m’en rendre compte puisque que j’ai pu en faire le tour complet.



 

Un dernier point de vue depuis le One Vanderbilt Summit, dernier observatoire en date. Très scénique, tout est fait pour en faire une expérience bling-bling. Tapissé de miroir sur les murs et les plafonds, c’est très impressionnant et un peu confus. On traverse des pièces avec des passerelles, des écrans, des ballons irisés qui flottent et tapissent le sol, des points de vue différents en intérieur, en extérieur. Le tout dans un univers extrêmement graphique et moderne, j’ai trouvé cela très réussi.




Un dernier détour à Financial District, le quartier des affaires où se déroulent les grandes transactions de ce monde. On y trouve Wall Street bien sûr, mais aussi le fameux Charging bull (le taureau qui charge) et the Fearless girl (la fille sans peur) qui fait fièrement face aux hommes qui pensent mener le monde à la baguette, les mains sur les hanches, la tête haute, le menton en avant, en rappelant que les femmes ont également leur place dans ce monde de manias.


Et avec son mètre 28, j’ai un peu galéré à la trouver. Mise en place en 2017, à l’occasion de la journée des droits des femmes, cette petite fille ne cesse de défier la chronique tout autant que les mâles. Installée initialement face au Charging bull, elle semble le braver, lui, qui représente la force et le pouvoir du peuple américain. Et ça ne plait pas du tout à son papa, Arturo Di Modica qui se plaint de cette fillette qui change ainsi le symbole de son puissant et inattaquable taureau. Pour calmer la polémique, elle est déplacée face à la bourse en 2018, mais ça ne fonctionne pas franchement et les débats font rage de plus belle. On repproche à l'oeuvre d'être populiste, les féministes repprochent aux commanditaires de l’œuvre de vouloir faire oublier les plaintes de discriminations raciales et sexuelles dont ils sont accusés, eux même repprochant à l'artiste d'attaquer le contrat d'exclusivité en vendant des reproductions miniatures de l'oeuvre.

Malgré ça, des pétitions circulent depuis des années pour pérenniser cette sculpture, à la base posée temporairement dont le terme est sans cesse repoussé.

Bref, elle fait parler d’elle et ne serait-ce pas là tout l’intérêt de l'art et de ce petit bout de fille, qui relance sans cesse les débats sur l’égalité homme femme sous fond de polémiques certes, mais au moins, ça ne tombe pas dans l’oubli.



Et entre ces buildings aux hauteurs sans limites, une église : Trinity church et son cimetière romantique qui dénote dans ce décor : Anachronique. Pour y pénétrer, un passage de sécurité digne des aéroports, c’est surprenant pour un lieu de culte. Un agent de sécurité m'explique que c’est depuis le 11 septembre, étant à côté de la One Word Trade Center, la tour rebâtie sur le cadavre des tours jumelles et dans le quartier sensible de Wall street, le lieu est jugé critique. Cette église est très belle et vaut le détour, ne serait-ce que par cet aspect unique dans ce décor décadent.



Voilà, mon voyage est terminé. Epuisée mais ravie, les pieds et le dos en compote, des images et des souvenirs plein la tête.

 

Je garderai comme souvenir marquant de ce voyage, cet instant improbable, vécu un soir en rentrant fourbue, avec mon lit en ligne de mire. Dans le métro, au changement de ligne à l’arrêt de Time Square, je passe devant une demoiselle, entrain de s’installer pour chanter. Je l’entends parler avec des passants, et sa voix m’interpelle, un peu rocailleuse et puissante. Je me dis tiens, ça peut être intéressant. Elle s’installe et le tour de chant commence...

Comment vous dire, sans être mon répertoire de prédilection, la performance est magnifique. Rapidement les gens s’arrêtent et commencent à s’amasser autour d’elle, en seulement deux chansons, c’est un public d’une centaine de personne qui l’entoure, des jeunes, des vieux, des enfants, des touristes, des locaux de toutes les nationalités, les fantômes mal en point des sous-sol... Le côté hétéroclite de ce public est saisissant.

L’euphorie gagne rapidement tous ces gens que rien ne rassemble, si ce n’est cet instant. Les gens se mettent à chanter et à danser.

Difficile de décrire vraiment ce qui se passe en moi à ce moment, j’ai vu des gens pleurer, moi-même un moment les larmes me sont montées aux yeux. Ce moment a été d’une puissance telle que j’y passerai finalement plus d’une heure, à assister à un véritable concert sous-terrain mémorable.


Je vous mets ici, un tout petit bout de vidéo filmée au téléphone, alors on excuse la qualité très médiocre.



 

Je voulais que New York me surprenne aussi, voilà qui est fait.



Et n'oubliez pas, si vous aimez, n'hésitez pas à partager



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