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  • Photo du rédacteurSophie

Fouler le sable du Sahara

Dernière mise à jour : 25 déc. 2023

Je n’avais encore jamais mis les pieds sur le continent Africain, lui qui me fait rêver pourtant depuis si longtemps.

Pour débuter, le Maroc m’a paru aussi attrayant qu’accessible. C'est donc naturellement vers lui, qu'avec une amie, notre choix s’est porté. Et quoi de mieux pour rompre la monotonie d’un hiver sans fin, qu’une destination au soleil ?


Décollage de Lyon 8h du matin (5°) et grâce à la magie des fuseaux horaires, atterrissage à 9h à Marrakech (35°), après 3h de vol. Quel bonheur de retirer couche après couche et de laisser cette chaleur nous envahir.


Au programme : Marrakech puis route vers le Sahara à travers l’Atlas, les 1000 kasbahs, les gorges, les vallées et les Oasis.


Le hasard du calendrier (et ma tête de linotte dyscalculique) nous font voyager en plein Ramadan. Une donnée avec laquelle nous allons devoir composer mais qui s’est vite transformée en avantage, j’y reviendrai plus tard.


Nous découvrons Marrakech et son rythme effréné dès la sortie de la navette de l’aéroport qui nous dépose sur la place Jamaâ El Fna. Du monde, du bruit, de l’animation, pas de doute, il y a de la vie. Et ce alors que l’activité et le tourisme sont censés être au ralenti en cette période. Eh bien, qu’est-ce que ce doit être le reste de l’année !


Direct dans le bain, nous nous enfonçons dans les souks, histoire de prendre la température… Elle est bonne !

Tous les sens sont titillés. On en prend plein les yeux, les oreilles, le nez. L'attention est aiguisée si on veut éviter les nombreuses mobylettes et vélos qui se faufilent dans ces allées étroites et bondées. Couleurs chatoyantes, articles débordants de toutes part dans l’opulence, odeurs d’épices et de cuir, le tout s’exprimant haut et fort, les commerçants hélant le passant par dessus le concert de sonnettes et de klaxons. Ça m’amuse, je me sens bien, sur le qui-vive mais vivante.

Il ne nous a fallu que deux heures pour être totalement perdues dans ce dédale de ruelles couvertes au milieu de la Médina.


Le soir venu, la fraîcheur nous rassasie après cette journée à 200 à l’heure. Ça fait du bien de s’assoir pour notre premier couscous du séjour, une dernière balade et dodo.


Deuxième journée, nous prenons possession de la voiture de location, un bolide nerveux comme un ado sous tranxène, la roue avant aussi lisse que craquelée. Monter la côte ou mettre la clim … il faut choisir.


Les paysages sont magnifiques, avec des aspects changeant au fil des kilomètres, alternant des plaines pelées, des vallées luxuriantes, des villages entrecoupés d’anciennes kasbah en ruine et bien sûr la traversée de l’Atlas. Sur les sommets on voit encore de la neige et les routes tournent… mais tournent !



Il est fréquent de croiser des piétons qui marchent le long des routes venant de nulle part et allant nulle part sur des kilomètres, mais que font-ils là ? Beaucoup d’hommes à dos d’âne également et des femmes dans les champs ramassant le fourrage pour les bêtes, le dos chargé, pliées en deux par le poids de leur récolte.

Les camions que nous croisons sont la plupart du temps surchargés et défient les lois de la gravité de manière impressionnante et peu rassurante.



Jalonné de haltes, notre parcours nous mène à Aït Ben Haddou. Ancien village fortifié classé au patrimoine de l’Unesco depuis 1987, garni d'habitats typiques en pisé, mélange de terre et de paille. Habitats écolo avant l’heure, nous en rencontrerons tout au long du séjour. Très ton sur ton, on ne les voit pas toujours au premier coup d’œil.


La ville d’Aït Ben Haddou est tellement scénique qu’elle a servi à de très nombreux tournages de tout temps. De Lawrence d’Arabie au plus moderne Game of Thrones, ce sont plus de 80 films et séries qui y ont posé leurs caméras.


D’ailleurs direction Ouarzazate, la Hollywood africaine et ses studios de cinéma. Tradition depuis les années 60, moins chers et plus accessibles, Ouarzazate possède plusieurs studios où sont tournés films, séries et publicités. Les décors font plus vrais que nature. Utile quand on tourne un film sur des sujets sensibles impliquant des pays en guerre ou traitant de conflits, où les tournages seraient dangereux voire interdits par les autorités en place (Afghanistan, Chine vs Tibet …)



Direction à présent : l’oasis de Skoura et son majestueux Ksar. Puis les gorges de Todgha et ses villages perchés. La moindre goutte d’eau et ce paysage asséché devient un oasis aux dominantes vertes et émeraudes, c’est magique.


Après ces trois jours de route, nous arrivons enfin aux portes du désert. Fer de lance de notre voyage.

J’avais déjà fait un désert de dunes aux Canaries, c’était splendide et le désert du Wadi Rum en Jordanie et ces paysages Marsiens qui m’avaient subjuguée littéralement. Mais là, il s’agit du Sahara… avec des dunes pouvant faire plus de 100m de haut, un emblème, un symbole, un rêve.


Je n'aime pas l'idée des sports mécaniques dans les dunes (et en général non plus d’ailleurs), que ce soient les rallyes ou les explorations en quad, buggy et autres 4X4 car ils ont un impact écologique significatif. De même que tous ces camps itinérants dans le désert pour accueillir les touristes, qui sont d'ailleurs maintenant régulièrement démontés par les autorités qui tentent d'en faire prendre conscience. Je ne suis pas non plus favorable à l’exploitation animale à outrance pour amuser la galerie, mais il faut reconnaître que :

  1. Marcher dans le désert est un sport très sollicitant et éminemment difficile

  2. Quelles autres ressources ont-ils ? Quelle alternative leur propose-t-on pour vivre ?

Comment limiter l’impact du tourisme dans ces écosystèmes fragiles sans en faire un tourisme élitiste réservé aux plus riches ? (qui n’ont souvent pas plus de conscience écologique que les autres, mais juste plus d’argent [réflexion personnelle]). Je n’ai pas la réponse, mais ça me questionne sincèrement.


Du coup, et bien j’ai cédé aux sirènes de mes envies et j’ai non seulement fait du 4X4 mais aussi craqué pour la balade à dos de dromadaire dans des dunes s’enflammant sous les rayons du soleil couchant. Et même si j’étais taraudée par mes scrupules, il faut reconnaître que ces expériences furent les plus marquantes de ce séjour. Surtout le soir, perchée sur ma monture, la sensation ressentie dans cette immensité, rythmée par les pas lents et chaloupés de mon ami à bosse, dans un calme absolu, c'est une sensation extraordinaire, unique. Envahie par la sérénité et la plénitude, on devient contemplatif et rêveur.


Après deux jours passés dans le désert, il est temps de prendre (à contrecœur) le chemin du retour en passant cette fois par les gorges du Dadès et la vallée des roses pour la première partie. Les roses n'ont pas encore fleuries, nous avons deux semaines d'avance, mais le ksour abandonné, nous offre une séance d'Urbex orientale incroyable. A crapahuter dans cet ancien château on se sent l'âme d'explorateur, après avoir franchi plus tôt le canyon des doigts de singe et traversé son oued, appelez moi Indiana Jones.


Pour rentrer, on veut changer de l’aller et à Ouarzazate, notre GPS nous fait donc bifurquer vers la route menant à travers l'Atlas direction Demnat, la fameuse R307… Probablement l’une des plus belles routes du Maroc, mais dans un état … mais alors un état !!!


Sans goudron, pleine de nids de poule et d’éboulis monumentaux qui nous font serrer les fesses et croiser les doigts que ça ne s’effondre pas sur nous. 4h pour franchir les 80 kilomètres de piste avec des pointes à 20km/h (wouh!). Mon taux de stress est monté au plus haut et je n’avais qu’une hâte, sortir de ce bourbier.



J’avais conscience de la beauté de ces paysages : des villages berbères perchés à flan de montagne, de la singularité des bleds traversés, grouillants de vie, d’un peuple isolé par les infrastructures en plus de l’isolement géographique et des chevriers promenant leur troupeau dans ce paysage pourtant si minéral. Mais bien trop figée par la peur, je n’ai pu dégainer ne serait-ce qu’une fois mon appareil photo, obnubilée que j’étais par notre roue de voiture prête à exploser.

Ainsi toutes ces photos sont piochées sur le net.



Frustrée d'être passée à côté je n’ai qu’une envie, retourner sur cette route avec le temps et un véhicule adapté pour jouir pleinement de ses splendeurs.

 

Pour finir sur une note positive, je retiendrai de ce voyage, outre la beauté des paysages, la cuisine, les couleurs et les odeurs épicées et fleuries, la gentillesse et la bienveillance des marocains et ce malgré l’épreuve du Ramadan. Ramadan qui d’ailleurs ne nous a empêché de rien et nous a même permis de baigner dans une ambiance toute particulière, rythmée aux appels des muezzins, marquant les étapes de la journée et en particulier la rupture du jeune. Mais également d’une période plus calme en termes de fréquentation. Car mis à part les lieux les plus touristiques, nous avons croisé très peu de nos compatriotes et étions seules dans les hôtels profitant pleinement d’une attention toute pour nous.s..


A nos questions, ils répondent que les chiens sont salles, impurs et transmettent des maladies, mais pas les chats. Vu l’état des chats dans les rues, malades et plein de parasites (j’en ai même croisé un qui miaulait comme Jeanne Moreau), permettez moi d’en douter. Il faut à priori en trouver la cause dans l’histoire moderne, alors qu'il y a environ deux cents ans, on commençait à réaliser le lien qui existait entre les épidémies et la salubrité. Si les cimetières et déchets ont été déplacés à la périphérie des villes, ils ont, par la même occasion, ostracisé les chiens, habitués à se nourrir dans les poubelles.




Pour finir sur une note positive, je retiendrai de ce voyage, outre la beauté des paysages, la cuisine, les couleurs et les odeurs épicées et fleuris, la gentillesse et la bienveillance des marocains et ce malgré l’épreuve du Ramadan. Ramadan qui d’ailleurs ne nous a empêché de rien et nous a même permis de baigner dans une ambiance toute particulière, rythmée aux appels des muslims, marquant les étapes de la journée et en particulier la rupture du jeune. Mais également d’une période plus calme en termes de fréquentation. Car mis à part les lieux les plus touristiques, nous avons croisé très peu de nos compatriotes et étions seules dans les hôtels profitant pleinement d’une attention toute pour nous.



Et n'oubliez pas, si vous aimez, n'hésitez pas à partager.


Bonne visite.



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