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Quand les routes bretonnes nous mènent à Guernesey

  • Photo du rédacteur: Sophie
    Sophie
  • 21 juil.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 juil.


Pour ce voyage-ci, notre choix s’est arrêté sur un périple breton suivi d’une escale à Guernesey, une des îles Anglo-Normande de la Manche.

Notre point de chute sera Rennes. Lieu adéquat pour une logistique aux petits oignons lorsque nous venons de Montpellier pour l’une et de Lyon pour l’autre.

C’est donc d’ici que débutera notre séjour.

 

La Bretagne, ça vous gagne

 

Rennes est une ville absolument magnifique. J’en avais de très bons souvenirs d’un premier passage il y a vingt ans, sensation confirmée.


Avec ses ruelles médiévales, ses maisons à pan de bois aux couleurs chaudes qui contrastent avec les maisons de maître en pierres de taille d’un granit gris austère. Rennes est une ville vivante, chaleureuse et cosmopolite. Effet probablement accentué par ce temps radieux dont le soleil omniprésent fait sortir le chaland dans la rue. On sent la culture bretonne, l'histoire et la fierté chevillées au corps d’un peuple vibrant.


De nombreux sites sont à visiter, je citerai pêle-mêle, les halles de la criée, la piscine Art-déco, le parlement de Bretagne, les bords de la Vilaine, le jardin botanique et pléthore d’Églises et autres cathédrales.


 


Après Rennes, la suite se fait à bord de notre petit bolide de location. Nous commençons ce roadtrip par Vitré et ses ruelles médiévales, son magnifique château et sa belle cathédrale. Puis Fougères ses ruelles pavées, son magnifique château et ses belles églises. Dol de Bretagne sa magnifique basilique.... Oui vous l’aurez compris, comme dit plus haut, la Bretagne c’est médiéval.  Et ça nous plait. Point de lassitude, point de répétition, si l’esprit est le même toutes ces beautés sont singulières.




Et de toutes ces cités, le coup de cœur revient à Dinan. Le genre de lieu qui vous fait dire « c’est ici que je veux vivre ». Une sensation aussi intense que celle que j’avais vécu à Edimbourg lorsque je posais le pied dans la vielle ville lors de mon tout premier voyage solo (cf. récit Ecosse). C’est très difficile à décrire, comment expliquer un coup de foudre ?

On se croirait dans un décor de cinéma, aucun faux pas. Chaque rue, chaque recoin, chaque place est un ravissement. On a envie de tester tous les petits bars aux terrasses arborées, toutes les crêperies. De marcher et marcher encore et encore le nez levé pour saisir tous les détails de ce décor parfait. J’aurais aimé pouvoir rester plus longtemps frustrée de partir avant d’avoir pu marcher le long de la Rance, flâner dans le port, déambuler dans son château. Qu’à cela ne tienne, je reviendrai.




Après toutes ces villes et ces villages, direction la côte de granit rose. Une image d’Épinal dans mon esprit et point d’orgue de ce voyage en terre bretonne.

Nul suspens, aucune déception. J’ai adoré ces paysages impeccables. Des rochers de granit tantôt roses, tantôt ocres, au gré de la lumière. Des rochers dont on dirait qu’ils ont été poncés, polis et posés là de la façon la plus harmonieuse qui soit pour donner à ce paysage un aspect « carton-pâte » de décor de cinéma.




Nous n’avons pu faire que de petits tronçons du sentier côtier : "Le sentier des Douaniers". Ce chemin de Grande Randonnée qui parcourt les côtes bretonnes sur près de 2 000 km.


Mais parce que le temps n’est pas infini, voilà le moment de nous diriger vers Saint Malo pour la seconde partie de ce voyage. C’est là que nous attend notre ferry. Nous profitons de la soirée dans la cité pour marcher sur les remparts en regardant le coucher du soleil et les lumières danser dans un festival de couleurs flamboyantes.


 


Ô mon bateau ...

 

Le ferry chez moi, c’est Pavlovien. Il a ce pouvoir de me mettre d’humeur joyeuse. Il est synonyme d’îles, d’oiseaux et de paysages grandioses. De moutons, de prés et d’air marin... en un mot comme en cent : Vacances.


Après 3 heures à admirer les flots, ballotées doucement aux gré des vagues, nous débarquons à Saint Pierre port sur l’île de Guernesey.


Les îles Anglo-Normandes ont une position complexe. J’ai eu beau lire et relire, multiplier les sources et les supports d'information, je ne suis toujours pas sûre d’avoir bien assimilé leur statut.

La monnaie est la livre sterling, on roule à gauche et on parle anglais, mais ce n’est pas un territoire de la couronne.  Charles III n’est pas leur roi mais leur Duc. Car les îles Anglo-Normandes n’ont, techniquement, jamais été conquises par les Anglais, mais par Guillaume le conquérant alors Duc de Normandie.


Elles passent alternativement de la France à l’Angleterre durant des siècles et s’infusent de ces deux cultures durablement.


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Le français, langue officielle jusqu’en 1948, est très présent sur l’île, mais parlé par 2% de la population à peine et est relégué au langage administratif. La communication officielle est la plupart du temps dans les deux langues et les noms de rue sont en Guernesiais. Ce n’est pas du français à proprement parlé, mais un dialecte et chaque île à le sien. Le Guernesiais, le Jersiais, le Sercquiais ... une sorte de français old school aux formulations chantantes.


Ils ont leurs lois, leur gouvernement et leur parlement, mais en cas d’agression, le Royaume Uni a le devoir d'intervenir.


Nous sommes au mois de mai, l’air est chargé de l’odeur suave des genêts en fleur et les Guerneysiens sont de sortie, profitant des premières baignades. Très surprise de voir autant de courageux se jeter à l’eau, il s’avère que si le fond de l’air est frais, l’eau est étonnamment bonne grâce au Gulf Stream qui réchauffe ses côtes.


C’est une petite île certes, mais avec un patrimoine naturel immense. On passe des récifs acérés, aux plages de sable fin, des petites criques intimistes, aux vastes étendues une fois la mer retirée à marée basse. En rentrant dans les terres, on alterne entre bocages et forêts, entre villages et landes.




Marquée par la présence de l’homme depuis la nuit des temps, les « fouaillages » sont les témoins les plus anciens de l’occupation de l’île à l’époque mégalithique quand les forts témoignent eux des conflits séculaires entre les Anglais et les Français.




Quant aux bunkers, ils sont plus nombreux dans les îles anglo-normandes que n’importe où ailleurs sur le mur de l’atlantique.




Occupées de 40 à 45, les Allemands voyaient dans les îles Anglo-Normandes, le symbole d’un territoire britannique à conquérir. Il fût le seul, mais il marqua irrémédiablement les esprits et les chairs de ce peuple insulaire.

Territoire abandonné par les Anglais qui le démilitarisent dès le début du conflit, les Allemands le bombardèrent néanmoins, convaincu de la nécessité d’un combat qui se révéla inutile mais néanmoins mortel.

5 années d’occupation, de travaux forcés, de déportations, d’exécutions sommaires. 5 années de privation, de faim, de souffrance et d’isolement. On trouve sur l’île de nombreux musées autour de la guerre qui témoignent de ce passé douloureux. Musées sur l’occupation, la Guerre, la Résistance, les hôpitaux sous-terrain...


Hasard du calendrier, ce 9 mai, fêtera les 80 ans de la libération des îles. Et oui le 9 et non le 8. Il leur eut fallu tenir un jour de plus.


Les préparatifs mènent d’ailleurs bon train. On sent la frénésie s’installer dans les rues. Les jardins s’ornent de fanions et de drapeaux. Une grande procession est prévue le jour J avec véhicules et costumes d’époque et beaucoup patrouillent déjà sur les routes de l’île, se rodant pour le jour J dans une bonne humeur contagieuse. Quel dommage de devoir partir le matin de la fête, une impression de quitter le bal avant son ouverture.




Pour notre dernier jour, une petite excursion en bateau nous mène jusqu’à l’île de Sark ou Sercq en anglais. Une île sauvage avec des relents de féodalité. Ils ont toujours leur seigneur et n’ont voté pour la première fois qu’en 2008. Ici, point de voiture. C’est donc un tracteur qui nous remonte de l’embarcadère pour nous poser en sain et sauf au premier pub de l’île.

Encore plus isolée, encore plus sauvage, on se balade toujours tournées vers la mer. On observe les oiseaux et les fleurs par milliers. On se laisse porter.



C’est le dernier jour, et nous ralentissons un peu le rythme. Après des journées de marches soutenues, nos pieds sont meurtris et nos articulations grincent un peu. Mais nous avons rechargé les batteries à fond, à grand renfort d’air marin et de Fish and chips.


Le matin du 9 mai nous quittons donc St Pierre port, traversant une dernière fois ses ruelles qui s’animent doucement pour la grande journée qui les attend. Croisant les festivaliers sur le pied de guerre (sans mauvais jeu de mot) les derniers préparatifs sont en cours.

 

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Et n'oubliez pas, si vous aimez, n'hésitez pas à partager


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