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  • Photo du rédacteurSophie

L'odeur du bonheur

Dernière mise à jour : 20 avr. 2023

2018 devait être une année charnière (et elle le fût), entre étapes professionnelles et personnelles pas de voyages en vu. Mais arrivée au bout de cette année, ça commençait à me démanger et je me mis à zieuter négligemment sur le net quelques destinations, en dilettante tout d'abord, puis avant même de réaliser, j'avais dégainé la CB.


Pourquoi les Canaries? pour être honnête c'est avant tout le budget qui fût décisionnaire. Et si au départ j'avais en tête une image assez négative de cette destination, souffrant du tourisme de masse, quelques recherches ont suffit à tordre le cou à cette idée reçue. Cet archipel offre plus d'un visage, un joyaux dont les facettes les plus brillantes ne se révèlent qu'à ceux qui font l'effort de les chercher.


La première chose qui me frappe une fois sur le sol Canarien, c'est une odeur. Je la connais, l'ai déjà senti, mais c'est assez flou, indéfinissable. Ce genre d'odeur qui vous rappelle des sensations, des instants de bonheur mais sans savoir vraiment l'identifier. Une sorte de madeleine de Proust mais version immatérielle.


Sur le ferry qui m'emmène à Lanzarote, cette sensation se confirme, s'intensifie, me fait sourrire. Elle ne me quittera pas de la semaine m'incitant à en chercher l'origine tout au long du séjour.


Lanzarote est une île volcanique dont les dernières irruptions, remontant à moins de deux siècles, offrent un paysage lunaire et aride. Des mers de laves noires entourant des volcans pelés aux reflets d'ocre d'où des euphorbes d'un vert tendre ressortent ça et là par petite touche à la manière d'un tableau.



Au sud-ouest de l'île, se trouve le parc de Timanfaya ou Montañas del fuego. Un parc de volcan dont l'accès est strictement encadré et qui ne peut se visiter qu'en bus. Les panoramas, les couleurs, la douceurs des reliefs cernés de roches aiguisées sont grandioses. Mais que c'est frustrant de ne pouvoir déambuler par soi même. En même temps les démonstrations des animateurs qui enflamment des touffes d'herbes sèches en les positionnant simplement près d'orifices bien choisis, suffisent à me faire comprendre que la sécurité impose ce genre de dispositif. Et probablement le respect d'un site à l'équilibre fragile également.

Direction el Golfo le long d'une route ne traversant rien d'autre que des mers de lave pétrifiée sur des kilomètres. La route étant bordée des deux côtés de ces roches basaltiques aiguisées comme des lames de rasoir, je m'interdis de trop regarder les paysages, le moindre écart crèverait aussitôt les pneus à coup sûr. Et la frustration continue tant les paysages sont magnifiques et les espaces de parkings rares. El Golfo, c'est un village de pêcheur tout au bout d'une route s'achevant sur une une impasse. On y vient surtout pour sa lagune d'une surprenante couleur verte émeraude due à des micro-organismes végétaux en suspension. La salinité exceptionnelle de la lagune est ici supérieur à la mer morte.

Je poursuis vers le sud visiter les salines de Janubio. La construction du site a été rendue possible grâce à une lagune séparée de l'océan par une coulée de lave. Le sel ne servant plus aujourd'hui à conserver les aliments, la production a fortement chuté et le site est maintenant en partie abandonné.

A venir aux Canaries, autant tout de même se faire une de ces plages qui contribuent à la renommée de l'archipel. Et à n'en faire qu'une, il faut faire la plage de Papagayo (parait-il). Pour l'atteindre, ce sont 6 Km d'une piste poussiéreuse à rouler au pas qu'il faudra affronter pour atteindre cette plage du bout du monde. Mais c'est payant. Regarder le soleil décliner et les couleurs changer sur ces falaises dorées est un moment très apaisant.

En remontant vers le centre de l'île, j'arrive sur les vignobles de Lanzarote. Dans un paysage hostile constitué de roche volcanique, la terre est peu fertile. Balayée par les vents et brûlée par le soleil, on pourrait croire que rien ne pousse. Et pourtant, quand il s'agit de vin, l'homme sait trouver des solutions. Ici, il s'agit de creuser des cratères afin de permettre aux pieds de vigne de trouver un sol fertile en profondeur et d'établir des murets pour les protéger des vents secs et chauds. Ça confère à leur vigne un aspect alvéolaire original très photogénique. Je n'ose pas imaginer ce que donne les vendanges et ne parlons pas de leur productivité. Au vu de l'investissement humain déployé, j'aurais aimé saluer la qualité de ce vin de l'effort, mais il ne me laissera malheureusement pas un souvenir impérissable.

En remontant encore un peu, je trouve enfin une randonnée à faire dans les volcans: Caldera Blanca, la chaudière blanche. Une marche fabuleuse au milieu d'une mer de lave pour finir par grimper sur le volcan avec une vue à 360° sur le parc de Timanfaya. Splendide.

Google view


Autre particularité de l'île, ce sont les sites aménagés par l'artiste local, Cesar Manrique. Enfant du pays amoureux de son caillou qui aimait à faire cohabiter architecture et nature. Et dans l'ensemble, j'ai trouvé ça assez réussi mais si un peu ancré dans les années 70. Sa patte, on la retrouve au mirador Del Rio ou belvédère de Rio, du nom du détroit séparant Le nord de Lanzarote de l'île qui lui fait face: la Graciosa. Ce centre d'observation se camoufle parfaitement dans la roche volcanique qui le recouvre entièrement pour le rende invisible en surface.

Il offre un point de vue remarquable sur la Graciosa

Il a également aménagé le jardin de cactus, sur la côte est dans une ancienne carrière. Ce jardin présente une variété impressionnante de cactus dans un cadre singulier. Certains d'une taille tout à fait impressionnante.

Ainsi que le site de Jameos del Agua. Une caverne de lave réaménagée et remodelée pour en faire une salle de concert et un espace détente très exotique.

Non loin de là, on peut visiter la Cueva de los verdes. C'est une grotte formée suite à l’activité éruptive du volcan de la Corona. Habituée aux grottes sculptées par l'eau de mon Hérault natal, celle-ci n'offre pas du tout les mêmes repères ni la même finesse. Bien plus sobre j'avoue avoir été moins impressionnée, un peu chauvine peut-être.

Etant montée sur le nord par les côtes, je décide de redescendre par le centre. Riche idée, je découvre une nature luxuriante très éloignée de ce que j'ai vu jusqu'alors, dont les cultures à étages font penser aux rizières en terrasse de l'Asie du sud-est. Bénéficiant d'un micro-climat plus humide, cette vallée est la plus fertile de l'île. Une légende raconte que par le passé les familles plantaient des palmiers pour la naissance de chaque enfant (1 pour les filles, 2 pour les garçons, no comment...) ce qui lui donna le nom de Las mil palmeras ou Vallée des mille palmiers. Arès avoir traverser tant de lieu dont le taux d'humidité devait avoisiner le cumul du QI des Chtis à Ibiza, public compris, cette oasis inattendue était très agréable. Le village d'Haria avait des airs d'hacienda incitant à l'arrêt le temps d'un déjeuner.

Les 4 jours passés à Lanzarote sont passés extrêmement vite. Chaque journée de visite me donnait envie d'en voir davantage et quelques jours de plus n'auraient pas été de trop. Je quitte néanmoins Lanzarote pour Gran Canaria. Le hasard fait bien les choses, les plus rêveurs diront qu'il suffit de se laisser porter, moi je dirais que la désorganisation est la clé. N'ayant pas franchement préparer ce séjour (voire pas du tout), je ne m'attendais pas à tomber sur une route si montagneuse et si difficile à pratiquer. Je m'étais mise en tête de faire a minima les dunes de Maspalomas au sud et le roque Nublo au centre. 60 Km à peine: bagatelle... qu'elle erreur. Je récupère la voiture à l'aéroport, programme le GPS: 46 Km, 1H20... Voici pour illustrer un extrait des routes.

Je ne pense pas avoir vraiment passer les 40Km/h. Tout au long du trajet aussi magnifique qu'interminable, j'avais en tête l'image d'une paire de lacets passée au cycle essorage de la machine à laver. Imaginez le sac de noeuds qui en sortirait, et bien c'est à peu près l'état des routes. J'en ai tiré deux observations: 1- les paysages sont purement splendides et c'est tant mieux parce qu'à cette vitesse on a le temps de les voir 2 - N'ayant que peu de temps sur place, les dunes seront pour une prochaine fois et c'est tant mieux j'aurais plus de temps pour découvrir ce lieu si scénique

J'arrive enfin à Artenara, comme au bout d'une impasse, sans pouvoir faire demi-tour. Alors je me pose là, à la terrasse d'un café, pour grignoter quelques tapas et boire une cervesa face à un panorama splendide me disant que finalement ne pas savoir où on met les pieds, parfois ça a du bon.

C'est une région troglodytique dont les plus vielles grottes étaient habitées il y a 1500 ans. Aujourd'hui encore on peut visiter les maisons troglodytes creusées dans les falaises d'Acusa Seca après une marche à travers les pinèdes depuis Artenara.

Encore une fois le temps passe très vite et je reprends la route pour Fuerteventura où je profite de la dernière journée avant de reprendre l'avion le lendemain. Je fais le choix du parc naturel des dunes de Corralejo à défaut de celles de Maspalomas. Elles sont certes moins spectaculaires mais au couché du soleil, la promenade est très agréable. La crainte d'une marche pénible dans le sable tel qu'on peut le connaître sur nos plages de Méditerranée est finalement sans fondement. Le sable est bien tassé et on ne s'enfonce pas du tout, ce qui m'a permis de déambuler plusieurs heures sans fatigue.

C'est fini, je dois rentrer. Je dois dire que ce lieu que je pensais n'être qu'une pose à pas cher pour faire un break s'est finalement révélée être un véritable coup de coeur. La richesse, la diversité des paysages, l'ambiance chaleureuse m'ont donné l'envie de revenir tant j'ai l'impression de n'avoir qu'effleurer tout ce que ces îles ont à offrir: les forêts tropicales de la Gomera, l'ambiance cubaine de Las Palmas, le volcan encore en activité de Tenerife ou la faune marine d'El Hierro... oui c'est sûr je reviendrai et je trouverai l'origine de cette odeur source de mon bonheur tel un Jean Baptiste Grenouille. Je traverse l'aéroport de Puerto del Rosario pour rejoindre les portes d'embarquement... tiens, ils ont noyé Jésus, Noël est dans 4 jours, tout va bien.

Les photos ici... Et n'oubliez pas, si vous aimez, n'hésitez pas à partager. Bonne visite.

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